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Photo du rédacteurLe Bestiaire Rouge

Le géant migrateur européen


Dessin © Le Bestiaire Rouge / Aurélie Portier

JE SUIS un poisson migrateur amphihalin anadrome : je passe la plus grande partie de mon existence en eaux salées (saumâtres puis marines) et me reproduis en eau douce. Mon museau (ou rostre) allongé et pointu est doté de quatre barbillons sensitifs. Mon corps est dépourvu d’écailles mais protégé par cinq rangées de plaques osseuses. Je peux devenir centenaire ! Mon espérance de vie pouvant atteindre les 100 ans... Je me nourris d’animaux benthiques et d'invertébrés : vers, larves d’insectes et crustacés en eau douce ; vers et crustacés en eau saumâtre ; et principalement des vers en mer.



Tous les ans au printemps (entre mars et juin), je migre en eau douce pour me reproduire. Je remonte fleuve et rivières, la migration de montaison, pour m'accoupler dans des eaux vives et peu profondes (pour une meilleure oxygénation des œufs). La femelle effectue cette migration tous les 3 à 4 ans. Accompagnée de plusieurs de mes congénères mâles, elle pond entre 300 000 et 2 millions d'œufs (ce qui représente 10% de son poids). Nous répandons notre semence à côté des œufs qui se fixent sur un sol composé de graviers ou galets. Ils éclosent au bout de 6 jours environ, libérant les alevins. Ils se nourrissent de plancton et de larves d’insectes, et évoluent en juvéniles. Ces derniers descendent progressivement vers l’estuaire au printemps suivant. Ils y resteront 3 à 7 ans effectuant plusieurs petites migrations sur cette période pour passer l'hiver sur le littoral et l’été dans l'estuaire. Ces migrations sont appelées « mouvée de la Saint-Jean » en Gironde. Les juvéniles débutent ensuite une migration plus longue, la dévalaison, quittant l'estuaire vers les côtes de la Manche, de la mer du Nord ou d’Irlande, au cours de laquelle ils atteignent leur maturité sexuelle. Une fois adulte, ils peuvent alors entamer à leur tour leur migration de retour vers leur bassin d’origine pour se reproduire. Plus ils vieilliront et plus ils pourront vivre eu profondeur.




La maturité sexuelle des esturgeons d'Europe est de 8 à 13 ans pour les mâles et jusqu'à 16 ans pour les femelles


L'esturgeon est une espèce qui existe depuis plus de 200 millions d'années ! L'Esturgeon d'Europe est la dernière espèce sauvage d'Europe de l'Ouest. Sa population s'est effondrée au cours du XXe siècle...

25 espèces d'esturgeons sont recensées dans le monde. On trouvait plusieurs populations d'esturgeon européen en Europe de l'Ouest dans les grands fleuves, du golfe de Gascogne à la mer du Nord... La majorité de nos populations s'est effondrée et a disparu au cours du du XXe siècle. Notre espèce est " en danger critique d’extinction " en France et au niveau mondial. En cause, les activités humaines : les extractions de granulats des fleuves (qui sont le substrat de fixation de nos œufs), la pression de la pêche pour notre chair et surtout nos œufs que l'espèce humaine convoite et considère comme un mets de luxe - son "caviar" -, la mise en place de barrages dans les fleuves, la modification des régimes hydrauliques...



On ne compte désormais plus qu'une population de quelques milliers d’individus de notre espèce, dont les derniers sites de reproduction sont limités au bassin Gironde-Garonne-Dordogne. Les jeunes et les adultes évoluent dans l’Atlantique nord-est, la Manche et la mer du Nord. Le dernier estuaire atlantique dans lequel notre reproduction naturelle est encore observée est la Gironde en France. Notre pêche est interdite en France depuis 1982 et en Europe depuis 1998...



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Des idées pour aider les esturgeons

soutenir le plan de restauration et sensibiliser les pêcheurs


Le nombre d’individus reproducteurs étant trop faible pour assurer la pérennité de l’espèce, sans intervention humaine, l’esturgeon commun d’Europe ne peut que s’éteindre. Un plan de restauration a été mis en France depuis 2007 par l’IRSTEA à Bordeaux (Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture) et l’IGB (l’Institut Gregory Bateson), à Berlin avec des réintroductions d'alevins. Le comité permanent de la convention de Berne a adopté un plan d’action national pour la conservation et la restauration de l’Esturgeon européen autour de 4 axes : la conservation de l’esturgeon européen dans son milieu naturel ; la protection des habitats estuariens et fluviaux et la libre circulation de l’espèce ; la conservation du stock captif et le lâcher de juvéniles dans le milieu naturel issus de reproductions assistées ; et la poursuite des efforts de recherche et la coopération internationale.


WWF œuvre également pour un plan qui comprend une série de mesures visant à protéger les populations existantes, ainsi qu'à identifier et protéger de nouveaux habitats naturels et corridors de migration.


Les hommes continuent de les pêcher malgré l'interdiction, la sensibilisation des pêcheurs reste essentielle ! Des campagnes d’information sont régulièrement menées par la CNPMEM (Comité national des pêches maritimes et des élevages marins) ou la CONAPPED (Comité national de la pêche professionnelle en eau douce). Le consommateur a évidemment son rôle a joué en s'abstenant de consommer le caviar ou la chair de l'esturgeon...



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Sources, Références & Inspirations :

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