JE SUIS un petit mammifère à la peau hérissée de piquants... Principalement nocturne, on peut m'apercevoir lors de rares sorties diurnes. Ma très mauvaise vue est compensée par mon ouïe fine et mon odorat très développé qui me permet de détecter ma nourriture dans les premières couches du sol. Mon menu favori se compose de limaces, escargots, vers de terre, gros coléoptères, chenilles et autres larves d’insectes, baies... Opportuniste, je peux me nourrir à l'occasion d'œufs, serpents, lézards, rongeurs, batraciens... Je ne mange pas discrètement : je grogne, renifle, projette de la terre lorsque je gratte le sol, fouille parmi les feuilles... Mon poids varie en fonction de la saison. En été, je dors principalement, mais l'automne je dois accumuler le maximum de graisse dans mon corps en vue de mon hibernation.
Le hérisson, en nettoyant le potager des invertébrés ravageurs de cultures, est un solide allié du jardinier.
Au début de l'automne, je me mets en quête d'un endroit abrité du vent et du froid où passer l'hiver. Le plus souvent dans un terrier ou un tronc d'arbre ou sous un tas de bois, je construis un nid avec de l'herbe, des brindilles et des feuilles mortes sous lequel je dors. Lorsque le thermomètre passe sous les 10°C, ma température corporelle peut chuter de 20°. N'ayant pas de poils épais pour me protéger du froid ni d'insectes ou limaces pour me nourrir, j'entre alors en léthargie pendant presque cinq mois, entrecoupée de courtes phases de réveil indispensables pour éliminer en urinant les déchets accumulés dans mon corps. S’il fait beau et chaud, je peux sortir pour me nourrir. Mais, chaque réveil épuise mes réserves énergétiques, ce qui peut m'être fatal pour passer le reste de l’hiver. Mon réveil définitif se fait en général au mois d'avril. Durant le printemps, je dois alors vite me nourrir pour regagner du poids puis me reproduire. Je laisse la femelle élever seule nos petits (à la peau nue qui se couvrira d'épines blanches quelques heures après) très fragiles et dépendants d'elle.
Pour me défendre, je dresse mes épines. Si la menace est trop grande, je me mets en boule parfois pendant plusieurs heures. Quelques rares prédateurs peuvent percer mon armure d'épines, comme le blaireau ou le hibou grand duc.
Le hérisson est considéré comme une espèce "parapluie" : sa présence garantit celle de nombreuses autres espèces (comme la fouine ou l'écureuil roux). Il est un marqueur de biodiversité de son milieu.
De nombreuses menaces me rendent la vie difficile. En dehors de la prédation, et à cause de ma constitution fragile, je suis très exposé au parasitisme (puces, tiques, larves de mouches, vers intestinaux...) et aux maladies infectieuses. Les activités de l'espèce humaine pèsent également lourdement sur ma survie...
Un parcours semé d'embûches...
Avec la pratique de l'agriculture intensive qui entraine l'arrachage de haies pour créer de grandes parcelles cultivées, la disparition progressive du bocage et des petits bois au milieu des champs, je ne trouve plus les feuilles mortes ni les endroits protégés nécessaires pour établir mon abri. Je dois donc aujourd’hui parcourir de grandes distances pour trouver de la nourriture, des partenaires pour me reproduire et des abris pour hiberner, ce qui augmente les risques de mortalité, victime de trafic routier (cause de mortalité la plus visible). J'ai dû me rapprocher des villes et villages. Cependant, le cloisonnement sans failles des jardins (à l'aide de clôtures ou de murs) m'empêche de circuler et chasser correctement.
De plus, l'usage des granulés anti-limaces utilisés dans les jardins et de produits chimiques entraîne la disparition de mes proies ou me contamine par ingestion d'insectes empoisonnés. La fonte presque totale de mes graisses en hiver libère tous les poisons ingérés, ce qui peut m'achever en plein sommeil.
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Des idées pour aider les hérissons
à la campagne
Eviter de déranger un hérisson en hibernation, chaque réveil épuisant ses réserves de graisses. Durant l'hiver ou en cas de sécheresse prolongée uniquement à la belle saison (pour ne pas bouleverser son régime alimentaire), il est utile de lui laisser une source de nourriture dans un jardin ou aux abords de cultures, en lui donnant de l'eau et des restes de nourriture (pas de lait ni de pain qui leur donnent des diarrhées mortelles). Laisser des issues dans les grillages ou clôtures pour ne pas empêcher leur circulation. Laisser une planche en bois flotter à la surface d'une mare ou d'une piscine (la nuit principalement) pour leur éviter la noyade. Conserver les bordures végétales (comme les haies) et plusieurs amas de feuilles sèches utiles pour l'élaboration de son nid, ou encore fabriquer un abri pour hérisson protégé des courants d’air, de l’ensoleillement direct et de l’humidité. Quelques conseils pour la fabrication : http://hameaudesherissons.fr/index.php?id_page=abris.php
Les 8 règles d’or pour un jardin accueillant pour les hérissons sur la Salamandre : https://www.salamandre.org/article/regles-or-jardin-herisson/
... ou en ville
Du fait des nombreuses menaces pesant sur le hérisson en zone rurale, le hérisson se retrouve aujourd'hui principalement en zone urbaine. En ville, son comportement diffère. On le rencontre dans les parcs, les zones résidentielles, au pied des immeubles. Son régime y est d'avantage omnivore. Outre le non-usage de produits chimiques, installer des abris à hérisson ou préserver des corridors écologiques (avec la mise en place de trames vertes et bleues qui bénéficient à de nombreuses autres espèces se déplaçant et limitent les risques de collision avec les voitures) peuvent lui venir en aide.
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